307.66km, c'est la distance parcourue par Thierry sur les 12 heures et 40 minutes passées à pédaler lors des 24 heures du Castellet. Le circuit n'est pas tout plat puisqu'il a gravi 1822m de dénivelé positif. C'est le même nombre de tours (53) que les pilotes de Formule 1 ont effectué le dimanche précédent. Laissons-le récupérer et il nous racontera son aventure une fois remis !

C'était plus un rallye ou une course de côtes qui nous attendait en Ariège. Au soir de l'Etape du Tour 2017, épuisés par 220km de vélo, les cols de Vars, d'Izoard et la remontée sur Serre-Chevalier, la ligne pour 2018 était tracée avec Morgan : "soit l'Etape du Tour est dans les Alpes et nous plaît soit nous mettons le cap sur les Pyrénées". Le lac d'Annecy et le plateau des Glières étaient un peu lointain, aussi nous avons choisir le côté oriental des Pyrénées avec l'Ariégoise et les 121km de la Mountagnole XXL. Pourquoi XXL ? Le départ est commun aux participants de la Mountagnole (105km, 1500m D+), sauf qu'arrivés au village "Les Cabannes", près de Tarascon-sur-Ariège, certains s'arrêtent, et nous mettons le clignotant pour tourner à gauche direction le terrrrrrible Plateau de Beille. Un denivelé positif de 2800m, comme les 6 Saintes, déjà effectuées plus tôt dans l'année.

L'Ariège, c'est les châteaux cathares et la rocaille, aussi nous nous lançons à l'assaut de Roquefixade, son col et son château, après avoir péniblement rejoint le sas des dossards prioritaires. Nous voulions passer dans les premiers au sommet, mener la descente sinueuse en sous-bois et faire le point avant le deuxième col. C'est réussi, nous voilà en tête au bas de la descente avec plusieurs dizaines de mètres d'avance. Pas d'échappée inutile, mais cela éveille l'esprit offensif de quelques autres.

Roquefixade ressemblait à une Gineste par Cassis, c'est désormais 2 Espigouliers par Saint-Zacharie qui semblent nous attendre. De ce que j'avais pu entendre, les Alpes ont des cols avec des routes larges, en bon état et moins raides que les Pyrénées, plus sauvages. C'est vrai pour toutes les montées auxquelles nous avons eu affaire. Avec souvent la partie la plus raide à l'approche du sommet. Pas forcément notre tasse de thé... Par conséquent, nous contrôlons dans Montségur, et nous faisons plaisir dans sa descente ultra-rapide. Après avoir rempli les bidons, il faut toujours organiser le groupe dans lequel nous prenons place... Le niveau y est souvent hétérogène, et certains ne doivent pas avoir inscrit le Plateau de Beille à leur journée pour vouloir rouler si fort. Le groupe s'organise mal mais nous rattrapons un groupe qui nous précédait. Morgan fait un stop ravitaillement avec la 3ème des 4 ascensions, le Pas de Souloumbrié. Je laisse partir une bonne moitié du groupe, les jambes tiraillent après 2h30 de vélo à 35kmh de moyenne mais seulement 1000m de D+. La montée, commune aux 5 parcours, se fait dans la forêt, au frais. La descente est vertigineuse, une vingtaine d'épingles, une vue plongeante à couper le souffle, un revêtement granuleux, mais heureusement des signaleurs avant chaque épingle pour éviter de passer par-dessus bord. Et c'est déjà la fin de la Mountagnole, je suis seul au ravitaillement au pied du plateau de Beille, mais je me dis que Morgan n'est pas loin. Je m'apprête à repartir lorsqu'il arrive, aussi je prends quelques mètres d'avance pour m'économiser. Hélas, il crie si fort que je rebrousse chemin pour l'aider à évacuer une crampe à l'adducteur droit. Mes talents de kiné ne sont pas suffisants, je reprends seul la route pour les 16 derniers kilomètres à 8%. Le Plateau de Beille, c'est long, peu ombragé, sur un mauvais goudron, avec très peu d'infos si ce n'est une borne tous les kilomètres. Ni village ni replat à part à 3km du sommet...j'ai trouvé le temps long. Je franchis la ligne d'arrivée dans un superbe panorama sur les Pyrénées et le temps de récupérer, Morgan est arrivé ! 74ème et 90ème sur 877, pas forcément notre meilleur résultat mais nous nous sommes faits plaisir et avons volontairement laissé quelques minutes ici et là. Habitués aux stations alpines, nous apprenons que le Plateau de Beille est dédié au ski nordique, et que son développement économique est limité par le souhait de préserver l'environnement. Et pourquoi pas après tout. Après 30 minutes à récupérer à 1800m d'altitude, nous descendons en convoi dans la fournaise... chapeau à ceux qui ont grimpé Beille à ce moment-là. Un bon burger avec la viande des Pyrénées, un match de folie des Bleus, un tour de karting et dodo ! Plus qu'à trouver un défi pour 2019 !