VACANCES
Arrivant ce matin au parking de l’Etoile,
Il n’y avait pas grand monde venu mettre les voiles.
Nous étions quatre ou cinq à chercher le parcours
Qui sans être trop long ne serait pas très court.

Mais où sont ces guerriers dévoreurs de l’asphalte
Qui aiment bien au bistrot un moment faire halte,
Pour manger saucisson, chocolat et jambon,
Roquefort, quelques chips, et radis s’ils sont bons.

Quelquefois au printemps il y a des cébettes,
Amenées par Francis, mais ce matin c’est bête,
Nous serons peu nombreux pour faire collation,
Beaucoup de nos amis ayant fait défection.

Nous penserons à eux avec grande émotion
En buvant du rosé avec modération,
Le chemin du retour étant bien difficile,
Et les bosses à monter pas toujours très faciles.

Où sont donc tous partis ces coursiers téméraires,
Qui affrontent l’hiver des matinées glaciaires,
Et sans broncher l’été des temps caniculaires,
Obligeant bien souvent quelques fontaines à faire ?

Où sont donc disparus ces fanas du vélo
Qui jamais ne connaissent le bout du rouleau,
Qui les doigts dans le nez ont fait Bordeaux-Paris,
Et conquis sans faiblir le Paris-Brest- Paris ?

Grimper le Galibier qu’il soit grand ou petit,
Jamais ne les rebute, ils ont de l’appétit.
Dévaler des descentes aux virages piégeux
Reste pour ces funambules avant tout un grand jeu.

Relever des défis à l’assaut des montagnes,
Ou défier les vents sur les monts de Bretagne,
Sont pour eux passe-temps, badinage et plaisir,
De merveilleux moments qu’il faut savoir saisir.

Sans doute sous d’autres cieux sont-ils déjà partis,
Affronter des parcours aux reliefs bien fournis !
Gravir le mont Ventoux, le géant de Provence,
Col réputé le plus rude de France ?

Dans les Alpes monter des pentes redoutables
Pour franchir l’Isoard sur un rythme incroyable ?
Et dans les Pyrénées, la frontière sauvage,
Dompter le Tourmalet aux lacets d’un autre âge ?

Sillonner le pays, ses lointaines provinces,
Pour aller de Marseille peut être jusqu’à Reims ?
Faire une horizontale de Quimper à Strasbourg
Ou une verticale de Lille jusqu’à Collioure ?

Ou probablement voguent-ils vers la Corse,
Le moral au beau fixe, avançant avec force,
Sur un engin bizarre baptisé pédalo,
Fait de tubes en plastique et de quelques vélos.

Mais peut être aussi, las de toutes ces pédalées,
Vers de nouveaux destins ont-ils choisi d’aller.
Les uns ont pu opter pour les arts, la culture,
Et d’autres pour des sports très ludiques mais moins durs.

Certains ont préféré jouer au galoubet
De tendres mélodies qui laissent bouche bée
Les naïades allongées à Cassis sur la baie,
Plutôt que d’affronter le grand Paris- Roubaix

Des passionnés de mer, de kitesurf et de vent
Sont partis vers les rives des océans mouvants,
S’élever dans les airs tels des hommes volants,
Conquérir sans faillir des espaces envoutants.

D’autres encor ont opté pour les dômes ombragés
Des terrains de pétanque où l’on vient galéjer,
Conserver la donnée ou tirer au carreau,
Avant bien entendu de prendre l’apéro.

Il en est qui s’exilent en lointaine Italie
Pour visiter des ruines de touristes envahies,
Manger quelques gnocchis et oubliant le vélo
Boire un peu de Chianti ou de Limoncello.

Mais l’automne venu nous nous retrouverons
Pour monter la Sambuc, descendre des litrons,
Faire de grands projets par moment bien loufoques,
Nous portant sans effort aux portes du Maroc.

Les frimas de l’hiver nous verrons plus nombreux
Enfourcher nos vélos un petit matin bleu,
Peu avant la Noël pour aller ripailler
Pleins d’ardeur et de joie à Tourves ou à Rougiers.

Et tout en savourant de très bons pieds paquets
Nous nous projetterons vers la nouvelle année
Qui verra s’esquisser de nouvelles randonnées,
Aux innombrables routes encore à sillonner.