Il est 5 heures, Thierry s’éveille (tiens, ça fait une idée de chanson !)
Il est tôt. Très tôt. Trop tôt !
Mais il faut bien tout ça.
Petit-déjeuner consistant… 3 heures et demie avant la course, la digestion sera faite !
Petite séance d’étirements, une bonne douche pour remettre les idées en place… et je pars : il est 6 h 15… J’aurai passé la Gineste avant la fermeture au trafic.
Arrivée sur le campus… il reste des places… mais elles sont chères ! Je reste dans la voiture. Inutile d’être dehors dans le frimas de ce dimanche matin.
Je commence à préparer le matériel, petit arrêt toilettes dans les commodités de chantier installées… Quelle odeur ! Quelle horreur !
Je rejoins le sas de départ. Je rencontre quelques têtes connues, j’aperçois de très loin des maillots du club…
Et ce sont les discours des diverses autorités… ça n’en finit pas ! D’ailleurs, tout le monde le comprend bien dès que le départ fictif est lancé. Au pied de la GIneste, même pas de STOP ! C’est un départ lancé. Mais à froid… c’est pas génial.

Évidemment, je ne peux / veux pas me mettre minable dès le départ : la course sera longue. Mon objectif est de tenter de battre mon temps de l’an passé.
À 1 km du sommet, je vois bien qu’il y a déjà une flopée de fous furieux qui sont déjà passé. N’empêche. Je fais mon petit bonhomme de chemin. Je passe le sommet, et un PR dans la poche pour la montée !
Le reste, c’est de la descente jusqu’à Cassis. Bien sûr, je rattrape du monde, je double… et je grimpe le Pas de Belle-Fille dans les roues d’un groupe de sept coureurs (ça va bien pour rouler sans trop se mettre dans le rouge) pour basculer et redescendre sur La Ciotat : le groupe est scindé en deux à cause de voitures. Il se reconstitue à La Ciotat et direction la Ceyreste. Un PR de plus accroché ! Dès les premières pentes, tout le monde explose : moi aussi, bien sûr ! C’est pas grave ! Les cyclistes du petit parcours nous dépassent comme des furieux, certains un peu border line dans leurs dépassements ! Un petit coucou à Corinne, la maman de Kevin… Je gère. La montée, je la connais, je sais que je ferai une partie du mon retard sur le plateau de la Bégude. En haut du col, Nono, accompagné de Maurice, fait la distribution de bidons… Pas besoin : avec mon Camelbak de 2 litre sur le dos et deux gourdes de grande capacité, ça va le faire !
Et puis c’est Cloé qui me rattrape, en même temps que Maurice. Lui ne fait pas la course. Mais c’est une aide providentielle. Il me traîne… je prends ses roues (pas Cloé, elle semble à la peine), ça va vite… très vite… du genre : entre 35 et 40 km/h jusqu’au rond-point du Camp. Et toujours à l’abri derrière Maurice jusqu’à Gémenos : encore des PR de récoltés !

C’est la sortie de Gémenos, direction Saint-Jean et les contreforts de Sainte-Baume pour aller rechercher la Réraille et le chemin des Marseillais : je ralentis, je sais que ça va faire mal. Je tente de reprendre des forces. Ah, ah, ah, la bonne blague ! La Réraille… que quand t’es dedans, t’as l’impression que ton vélo ne fonctionne plus, qu’il a été saboté, que tu crois que t’avances sans desserrer les freins… La Réraille, ça fait mal… très mal avec ses pentes à 18 % ! J’ai presque failli mettre le pied par terre ! Je ne l’ai pas fait… J’aurais peut-être dû ! C’est pas là-dedans que je ferai des PR ! Ça, non, Monsieur ! Et tu commences l’escalade de l’Espigoulier ! Long… très long… interminable… monotone ! Bientôt le ravitaillement… et c’est là qu’apparaissent les premiers signes de crampes. Je m’arrête, je bois une coup, arrêt d’une minute… 5,5 km avant le sommet. C’est la Coutronne et les gendarmes qui engueulent une voiture qui vient de passer l’Espi malgré l’interdiction… Chouette, la descente sera alors plus facile sans voitures ni motos en face… Le pieds piquent de plus en plus. Le sommet dans 1 km, après c’est la descente et ça ira mieux… ou pas !

Descente de l’Espi… je me régale, je peux prendre des trajectoires impossibles à prendre sur route ouverte. Mais la fatigue est là et je ne bats pas de PR. Dommage !
Retour sur Gémenos, ravitaillement, halte commodités et un petit coup derrière la cravate… c’est reparti. le col de l’Ange, je le connais, mais avec la fatigue présente, c’est pas là que je ferai des étincelles. Les crampes me reprennent… plus fort ! Encore plus fort ! Nouveauté du chef cette année : le Pas d’Oullier ! Je serre les fesses… les pieds… bref, tout ce que je peux serrer ! Belle descente sur le Pas de Belle-Fille, puis sur Cassis… J’aurai pu faire péter un autre PR sans la présence de voitures ! Et c’est la dernière difficulté du jour : la Gineste dans le sens Est-Ouest. Ça va, je gère beaucoup mieux que l’année dernière au même endroit ! Que je croyais ! C’est alors que les pieds lâchent ! Des douleurs insoutenables ! Tellement mal que tu ne peux même plus appuyer sur les pédales ! Encore 15 km à rouler. Finalement, je perds 4 minutes dans cette montée — faux plat montant. Je n’en peux plus de gérer cette douleur ! Je ne peux décidément plus appuyer sur les pédales !!! C’est le col, je bascule et je me laisse glisser jusqu’au rond-point de Luminy (un PR anecdotique récolté dans la descente !). Et voilà les 2 km les plus longs de mon existence de cycliste : 2 km de faux-plat montant… t’as plus de jambes, parce que tu n’as plus de pieds, parce que t’as plus de dos parce que tu passe ton temps à compenser… Sylvie me dépasse à 1 km de l’arrivée. Je crois qu’elle me demande si ça va… je ne suis plus lucide… je lui hurle que non, ça ne va pas ! Mais alors, pas du tout !!! J’en pleure de rage et de douleur, mais il faut finir. Tu n’abandonnes pas à 1 km de l’arrivée. Je passe la ligne, Je tombe dans les bras de JJ qui nous attend et qui comprend qu’il y un truc qui cloche !

Quelques minutes plus tard, ça va « relativement » mieux. On débrief notre course, on mange, on rentre… tout en comprenant que la récupération sera longue… très longue, trop longue !

Finalement :
Le parcours faisait 1 km de moins que l’an passé, et 100 m de D+ de plus.
Pour ce qui me concerne, en temps de déplacement, j’ai fait 4minutes de plus que l’an dernier… tout en gérant des crampes sous les doigts de pieds dès le km 75 !
Et malgré ça, 34 perfs dans la besace dont 15 PR !
Très belle journée, pas de vent, moins chaud que l’an passé… 518ème à l’arrivé… l’an passé j’étais 560ème ! Tout est relatif !